Les Constellations étranges - 2

La Légende

Résumé : La catastrophe arriva : les anges ont perdu leurs ailes. Les rêves et la vie ont disparu sauf Octopus, dernier être vivant en sursis. Ce dernier rencontre l'arbre de la vie qui lui indique le chemin pour retrouver les Ailes du rêve. Ainsi, la vie reviendra et tout rentrera dans l'ordre. Mais le voyage est semé de surprises. Octopus a croisé les arbres mécaniques, une balise ancestrale...et même la mort. 

Le périple continue...

Il crut voir la mort s'approcher mais celle-ci ne fit que passer devant lui. Apparemment, elle avait un autre client sur son agenda.

Octopus se sentit léger. Il ne sentit plus la masse de son corps. Le courant le porta vers une muraille munie d'une gigantsque ouverture. La géométrie toute minérale le déconcerta. Etait-ce le fameux passage donnant sur l'au delà ? La question resta en suspens quand il s'y engouffra. Une fois à l'intérieur de l'ancestrale architecture, la température chuta brusquement. Une voix se faufila parmi les ombres pour lui souffler une réponse :

"c'est la Zone Habitable n°3"

Les zones et ses monuments terrifiants...

Les Zones habitables ont poussé dans les espaces les plus reculés et les plus toxiques de la Terre. C'est un groupe secret puissant - les Annumati - qui a décidé et financé ces édifices imposants. Tout individu souhaitant les intégrer pour obtenir le confort qui n'existait plus sur la planète, devait prêter le serment de la Zone. Sans le savoir, les individus inscrits s'enchaînaient à une vie sans désir et liberté: ils devinrent les ouvrier-esclaves, de génération en génération, servant les machines biotechniques qui les contrôlaient en permanence. Puis, un jour, tous disparurent. Le groupe secret ne donna aucune information; les habitants du dehors ne surent jamais ce qu'ils étaient devenus.

Les souvenirs des histoires à leur sujet restaient intacts dans la mémoire d'Octopus. Enfant, sa mère lui récitaient des poêmes sur ces pauvres êtres enfermés qui ont échangé leur libre arbirtre contre un confort virtuel.

Maintenant, le vent résonnait dans ces espaces vides. Il remarqua aussi que les couleurs s'estompaient avec les rêves. Le monde ne devenait pas encore noir mais toutes les formes s'enfonçaient dans un camaîeu grisâtre.

Il chercha d'où venait la voix dans la pénombre qui grandissait.

- Qui me parle ?

Silence.

Puis ce fut l'obscurité.

- QUI ME PARLE ?

- Ce n'est pas la peine de crier ! J'entends bien.

- Qui es-tu enfin ? demanda Octopus.

- Un rêve pour certains ou un cauchemar pour d'autres.

- Comment çà ?

Soudain, une forme se dessina devant lui.

- Je m'appelle...

...Epsilon Virginis. Je suis une des gardiennes du monde des rêves.

"Je fais partie d'une des constellations étranges, du moins c'est ce que prétendent la légende ! Mon rôle est de garder l'entrée ouvrant l'accès aux Constellations que vous trouvez "étranges".

Epsilon Virginis est une entité aux origines aquatiques, métamorphosée en une femme mystérieuse. Voire dangereuse selon la légende. Etait-il possible que les légendes soient vraies ?

Le vent poussa Octopus vers elle. Celle-ci reposait sur un sol spongieux. Des clapotis émergeaient par endroit, laissant poindre des formes indescriptibles.

- Les rêves ont disparu. Comment peux-tu en être un ? osa Octopus.

- Oh, je ne survivrai pas longtemps. Si je respire encore, c'est grâce à ma constitution mais je sens déjà des faiblesses qui s'étendent sur tout mon corps.

- Je recherche les ailes du Rêve.

- Je sais. C'est pourquoi je t'ai appelé.

- Décidemment, tu es étonnante.

- Quand tu sortiras de ce tunnel, tu verras un monde sans couleurs car les rêves ne deviennent que des souvenirs. Et les souvenirs, des légendes qui finissent dans le néant. Déjà, tu t'apercevras que certaines de mes soeurs les ont perdues.

- Mais je n'ai vu aucune de tes soeurs...Attends ! Tes soeurs ne seraient-elles pas...

- Les Constellations...étranges, oui.

- Non, ce n'est pas possible.

Octopus faillit lui demander un autographe mais il n'avait pas de stylo.

- Les Constellations étranges sont une rumeur ancestrale, reprit-il.  Au mieux une légende.

Epsilon Virginis s'étira longuement dans une symphonie de clapotis avant de répondre:

- Oui, nous sommes peut être une rumeur. Après tout, les rêves ne sont que des images inventées par le cerveau, disent la matérialistes.

Elle soupira.

- Ecoute bien, Octopus. Si tu veux retrouver les ailes du Rêves, tu vas devoir accepter de croire en ce que tu n'as jamais vu.

- Comment...

- Il suffit! Nous avons perdu trop de temps. Tu dois sortir de ce tunnel et je t'y aiderai.

Epsilon Virginis se redressa et inspira profondément. Octopus prit peur et se débattit sans pouvoir bouger ses membres. La femme aquatique souffla doucement sur lui. L'air prenait un parfum de milkshake aux crustacés. Il devenait de plus en plus fort. Immédiatment, Octopus sentit son corps heurtait le pont d'une vieille embarcation. Le souffle gonfla ses voiles qui la firent avancer. Epsilon Virginis disparut. Octopus fila vers les Constellatons étranges sur un bateau à l'improbable solidité.

Le vaiseau navigue entre les parois brumeuses pour l'éternité.

Il croisa un drôle de bonhomme dans les airs. Il semblait réparer les décors ou les peintures.

Ou bien lui même dans une vague de cadres.

Soudainement, il traversa un atelier.

Ou était-ce son imagination qui revenait malgré la catastrophe.

Fatigué de lever les yeux, il fut pris d'effroi quand il vit que sa route le menait droit vers le vide. Le navire avait disparu, il se retrouva à genoux sur un viaduc immense mais inachevé. Non, il n'était pas inachevé mais semblait se dissoudre dans le vide. Une force le poussa, la panique le saisit, il se plaqua sur les pierres pour s'agripper coûte que coûte. Rien n'y faisait, il s'écorcha les doigts, il glissa inlassablement vers le bout de la structure. Puis, il sentit se débattre dans le vide. Il était condamné à faire...

le saut quantique !

Dans un brouillard électrique, son corps ne tombait pas. Bien au contraire, il venait vers les Constellations étranges.

Prochainement : En approchant les premières contellations