Les Constellations étranges
Présentation romancée de quelques oeuvres
1er épisode : Les Ailes du rêve
Le jour où les anges perdirent leurs ailes, le monde s'assombrit soudainement ...
et Octopus fut pétrifié devant cette catastrophe.
Il restait le seul être encore en vie, au milieu des longues plaines de l'oubli.
Il était seul...
Quand il aperçut à l'horizon une lueur ténue qui grossissait à mesure qu'il avançait. Les formes se précisaient. Pas d'erreur, c'était lui:
L'arbre de la vie !
Certes, il était vieux, moche, fragile et bien seul. Seul comme Octopus.
"Le monde imaginaire va disparaitre, et toi aussi ? " demanda Octopus.
Le vieil arbre encombré de champignons remua en grinçant et en exhalant une haleine de fiente de moineaux.
- Et en plus, il est sourd comme un pot ! se permit Octopus.
- Non mais, laisse - moi le temps de réfléchir, pignouf ! répondit le vieil arbre. Je suis vieux et...
- Et fragile...
- Les hommes ne m'ont pas fait de cadeaux ces dernirers temps. Pour inverser le cours de la catastrophe, tu vas devoir voyager loin de chez toi et trouver les ailes du rêve.
Silence. Le vieil arbre observait intensément le jeune garçon. Tout vert depuis sa naissance, Octopus avait la particularité d'avoir la peau qui noircissait dans les périodes d'intense réflexion comme celle qu'il vivait à ce moment.
- Nous sommes les derniers sur ce monde. Soit nous disparaissons définitivement, soit tu agis comme je te le dis, ajouta doucement l'arbre.
- Les ailes du rêve ? Qu'est ce que c'est ? C'est une farce ou le dernier trip sous acide avant la mort ?
- Avec les ailes du rêve, chaque être peut entrer au moins une fois dans sa vie dans les rêves les plus fous. Trouve-les sans moi, Octopus. Vite. Moi, je suis trop faible...
- Par où commencer ?
- Monte sur ma branche la plus basse et laisse toi aller. Mais attention, Nom de nom, aux marais lumineux et vénéneux.
Octopus monta sur la branche et fila comme un boulet à travers les nuages gris qui s'approchaient depuis le début de la catastrophe.
Il tomba sur un sol élastique et tiède. Lorsqu'il retira une poignée de câbles de son pantalon, il regarda autour de lui. Il se trouvait dans une clairière étrange.....nez à nez avec :
Energia : un arbre mécanique autonome 1ère génération.
Les arbres mécaniques ont été créés par des cerveaux, vous savez cette masse nerveuse située dans le crâne.
Ces cerveaux humains conçurent des arbres artificiels capables d'absorber les toxines que l'humanité produisait. Mais il y avait comme un problème (il y en a toujours un) : les arbres mécaniques découvrirent "Le deuxième sexe" de Simone de Beauvoir, et se demandèrent de quel côté ils se situaient.
Ils stoppèrent leur activité. Et ils réfléchissaient, réfléchissaient. Puis, Ils pédalèrent sur le sol comme les Shadocks mais ils ne leur ressemblaient pas.
Depuis ce moment, ils se sont étendus pour transformer leur territoire en mers de câbles et de plastique.
Aucun végétal ne pousse autour d'eux.
Un mouvemant de marée imperceptible l'entraîna autour d'Energia 1. Il continua de flotter sur les vagues de câbles que produisait la respiration de l'arbre mécanique et se laissa entraîner par les courants plastiques en s'agrippant à une coque d'unité centrale passablement démodée.
Les mouvements légers et doux le berçèrent. Les paupières trop lourdes, il s'endormit. Un sommeil sans rêve (depuis la catastrophe, les rêves disparaissaient de plus en plus rapidement).
Le fureur liquide le fit sursauter. L'univers de câbles avait laissé la place à une véritable tempête marine.
Au loin, comme une illusion, la silhouette d'un navire en détresse et ....
Les balises ancestrales existent depuis toujours. Certains supposent qu'elles sont nées avec le monde. D'autres encore plus fous, qu'elles étaient là avant la naissance de l'univers. On en trouve partout. Elles font parfois du bruit mais personne ne sait à quoi elles servent. Même les forces de l'océan en pleine tempête ne peuvent les ébranler. Dans cet espace partagé entre les couleurs marines et les ocres du ciel et de la balise, Octopus prit peur.
D'autant plus que le crépuscule réduisit progressivement toutes perspectives : le navire fantôme et la balise solitaire s'effaçèrent.
Une lueur d'espoir s'éleva entre énormes vagues. Celle d'un phare imaginaire. Non. Pas un phare mais une porte titanesque sculptée à même la roches des profondeurs.
Octopus et son épave s'engouffrèrent dans cette nappe de...
Lumières.
Le flux se renforça progressivement.
Octopus sentit son corps et son esprit se diluer dans une symphonie pour trompettes et luth de couleurs.
Une nébuleuse éblouissante et chaude.
Une nébuleuse tropicale
la nébuleuse avala goulûment toute l'eau et son contenu, dont le le maheureux Octopus.
Prochainement : La légende.